Année 2000-2001 : 24 octobre 2000

Le Dôme de Milan
par Geneviève Staelen


La construction du Dôme de Milan, sur un site paléo-chrétien, a été décidée au XIVème siècle par deux personnages importants, l’archevèque de Milan, Antonio da Saluzzo, et le Duc de Milan, Gian Galeazzo Visconti.

En 1366, Milan était un centre important de commerce et d’activités artisanales, Cette ville, capitale du Duché de Milan , comprenait 200.000 habitants, 1355 églises, 10 hôpitaux, c’était une grande ville.

Les milanais désiraient beaucoup avoir une grande cathédrale qui correspondait à l’environnement européen de l’époque. Le résultat est comme les anciens l’imaginaient.

On compte à l’extérieur 164 baies dont 55 avec vitraux travaillés et historiés comprenant 3600 personnages, 135 flèches, 96 statues géantes, 150 gargouilles et 410 consoles pour statues, Du sol, on arrive au balcon terminal par 500 marches. A l’intérieur la surface couverte est de 12000 m2. Le volume global à partir du pavement intérieur est de 440.000 m3, Ce volume emplirait 9.350 gros wagons de chemin de fer sur une longueur d’environ 112 Kms.

La construction de l’édifice dura 6 siècles, de 1386 date de la pose de la première pierre à 1965, date de l’inauguration de la porte Mingozzi, située à l’extrême droite de la façade.

On entreprit la construction suivant le traditionnel style roman-lombard, avec la brique comme seul matériau, mais le Duc de Milan Gian Galeazzo Visconti imposa très vite le style gothique-germano romain la pierre devant remplacer la brique. Le marbre de Candoglia, extrait dans le val d’Ossola, près du Lac Majeur, fut utilisé pour l’édifice entier ; tout ce qui est visible à l’extérieur et à la l’intérieur de la cathédrale est en marbre.

Pour travailler ce marbre on fit appel à une vaste main-d’œuvre de l’Europe entière. Ce fùt la véritable saison européenne de Milan et l’on peut considérer que le Dôme est une cathédrale de style gothique européen.

Au cours des premières décennies toutes les bases de l’Eglise furent établies : l’abside avec ses trois imposantes baies munies de merveilleux vitraux de XVème siècle, les piliers du choeur, ceux du transept, les chapiteaux et la première flèche “Carelli”, l’une des plus belles réalisations de l’art gothique, furent édifiés.

Au milieu de XVème siècle la moitié du Dôme était construite, le Pape Martin V consacra l’autel majeur et ouvrit le culte en 1418.

Sous les Sforza, ducs de Milan, pour résoudre le problème fondamental de la “Tour Lanterne” et de la grande coupole, on demanda des études à Francesco Martini, Luca Fancelli, Léonardo da Vinci et Donato Bramante. Cet immense travail fut achevé le 24 septembre 1500.

Au XVIème siècle, Charles de Borromée, Archevêque de Milan, entreprit de grandes réformes. A cette époque, l’intérieur ressemblait à un lieu profane et à l’extérieur une cour des miracles entourait le Dôme. Il fit vider l’intérieur de tous les tombeaux et tous les insignes des bienfaiteurs qui encombraient les nefs, fit fermer les portes des transepts et fit transformer le choeur selon les canons du Concile de Trente.

En 1567, Il demanda au Pellegrini dit “le Tibaldi” des travaux entr’autres pour la façade. Les projets présentés étaient à la “Romaine” c’est à dire la Renaissance à la Michelangelo, sans concessions au gothique.

Les solutions exemplaires élaborées par le Pellegrini rayonnèrent à partir de Milan pour se généraliser dans tout le monde catholique.

Au XVIIème siècle on interrompit la façade renaissance du “Tibaldi” pour revenir au style gothique.

Au XVIIIèm siècle 6 à 7 projets de façade furent présentés. Durant ce siècle le Dôme devint pour les milanais la huitième merveille du monde.

Durant tous ces siècles le Dôme servit pour toutes sortes de cérémonies fastueuses : funérailles de Rois, mariages princiers etc...et au XIXème siècle au couronnement de Napoléon, comme Roi d’Italie.

En 1805 Napoléon ordonna la finition de la façade toujours inachevée,.

En 1885, la solution napoléonienne fut abandonnée, un projet gothique fît l’objet d’un concours mais sans résultat. La façade actuelle n’est pas gothique, mais elle est vraie, car elle représente d’importants témoignages d’art de la vie milanaise à diverses époques, gothique, renaissance, baroque milanais, néo classique. Cest cette façade que nous admirons.

La nouvelle place du Dôme, plaça la cathédrale dans un contexte urbain qui n’était plus médiéval d’où elle était sortie.

Au XXème siècle. Les temps modernes et la restauration.

Les portes de la façade furent sculptées et inaugurées de 1894 à 1965

En 1968, Les préoccupations séculaires des architectes sur la solidité des quatre pylônes de 3200 tonnes chacun, qui soutiennent la “Tour lanterne” se révélèrent fondées. Ces pylônes présentèrent des crevasses et des petits morceaux de marbre partirent à l’improviste. L’abaissement de la nappe phréatique par assèchement des canaux recouverts durant les dernières décennies, mais aussi les vibrations du trafic intense dans cette partie de la ville et le creusement du souterrain pour le passage du métro pouvaient expliquer cette crise des pylônes.

La tour Lanterne, la grande flèche la Madonnina risquaient de s‘écrouler. En 37 jours, les quatre pylônes furent renforcés provisoirement dans du béton armé. Les grands travaux de restauration furent entrepris en 1980, Les pylônes furent refaits. Le métro qui longeait le Dôme devait aller au pas de la place du Dôme à piazza San Babila.

Le ravalement de la Cathédrale fut commencé et à la suite des travaux intérieurs du Dôme, le nouveau chœur, conforme au concile Vatican II fut construit, c’est celui que nous pouvons voir maintenant et qui permet d’admirer plus facilement les trois vitraux gigantesques et magnifiques de l’abside.

Le Dôme de Milan, vu à l’extérieur ou à l’intérieur, laisse toujours aux visiteurs une impression d’immensité. Pour s’imprégner de la grandeur de ces lieux, il faut venir et revenir, c’est un spectacle unique au monde.

©ACORFI