Retour à la page de présentation des conférences de la saison 2017-2018

23 janvier 2018

 

 

La Rome de Plaute,
Considération sur les misères et les dépravations du peuple

par Daniel LABRETTE

 

Devant une belle assemblée, notre ami Daniel Labrette commença sa causerie au pied de l’estrade. Dans le rôle d’un examinateur, il nous proposa de commenter une phrase : saint Augustin a dit : « Bannis les prostituées de la société et tu réduis la société au chaos par la luxure insatisfaite ». Bon courage ! Vous avez deux heures…

… Ensuite, il gravit la marche, s’installa à la tribune et nous entretint de :

LA ROME DE PLAUTE
Considérations sur les misères et les dépravations du peuple.

Imaginez un décor de théâtre, celui d’une tragédie classique ou d’un opéra : des colonnades, un temple… Au premier plan évoluent généraux, patriciens, orateurs ; conflits de devoirs ou récits de combats, tel est l’essentiel de leurs discours. De temps en temps, toutefois, en fond de scène, une porte s’ouvre, une tenture s’écarte et, l’espace d’un instant, c’est un spectacle bien différent qui apparaît au public ; plus de généraux, de patriciens, mais une population composite, à la fois misérable et dangereuse. Plus de récits épiques, de débats psychologiques, mais des plaintes et des grondements.

 

Plaute évolue dans un monde de farce, plein de gaîté. Son nom romain, Titus Maccius Plautus suggère un genre antérieur totalement oral : l’atellane et préfigure déjà la commedia dell’arte ; Maccius ne dérive-t-il pas de Maccus : l’idiot du village.

 

Il faut donc amuser le peuple, lui donner le change, car ce qu’il vit, c’est là tout le paradoxe, est tragédie. « Du pain et des jeux » ! Ne pas mourir de faim et « s’éclater », dirait-on aujourd’hui. Dans une Rome exiguë s’entasse une population hétéroclite. Les plus riches vivent sur les collines, les plus pauvres dans les bas-fonds, traversés par les égouts à ciel ouvert, telle la Cloaca maxima barrant le forum de ses eaux putrides, ou submergés par les crues du Tibre.

 

On s’amuse, mais au détriment des déshérités. Les esclaves, nombreux dans certaines familles privilégiées, effectuent les travaux dévolus aux artisans du cru, d’où des tensions de plus en plus exacerbées. Les gladiateurs, les comédiens ne sont voués qu’à la mort ou à la moquerie. Les prostituées de bas étage, ou les courtisanes moins mal loties ne sont qu’objets de désirs inavouables, dont même l’état tire profit. Caligula ne crée-t-il pas un impôt sur les passes de ces dames ! Toutes descendent d’Acca Larentia, une « lupa », une louve, une prostituée, dont le nom a donné celui de lupanar, dans la « Roma, Amor » où tout est permis, à condition d’être un homme libre. Il en est tout autrement si l’on est une femme.

 

Ainsi, on oublie tout, guerres, épidémies, catastrophes naturelles, famines, immigration sauvage, xénophobie ; on vit « à la grecque » comme le dit Plaute et on fait graver sur les murs de Timgad :
« Venari, lavari, ludere, ridere, occ est vivere. »
Chasser, se baigner, jouer, rire, ça, c’est vivre.
Il ne manque que baiser à ce programme illusoire !

 

Quelques approbations, des propos et des questions soulignèrent la qualité de la causerie. Merci, Daniel, de nous avoir montré une Rome Antique souvent édulcorée…

 

 

 

Vous pouvez écouter (et voir) la conférence en suivant les liens ci-dessous.
 
Petit diaporama
 
Écouter la conférence