
4 novembre 2025
Itinéraire du regard,
quatre promenades en peinture sacrée.
par Jean-Etienne MAGGIANI
Paul VALERY (1871-1945) a écrit : Je travaille pour quelqu'un qui vient après... »
Ce que nous apprécions dans ce propos c'est l'indétermination des deux expressions suivantes :
quelqu'un et après ;
Quelqu'un : cet indéfini, cet indéterminé, qui est-il ? Qui est-elle ? Pour qui ont travaillé GIOTTO, MASACCIO, CARAVAGE, LORENZETTI et tant d'autres ?
Ce quelqu'un peut être chacune et chacun d'entre nous et, si nous le souhaitons, nous pouvons recevoir leurs travaux comme nous recevrions un legs, un don, une libéralité…
Après : ce quelqu'un indéterminé vient dans un temps lui-même indéterminé et ceci fait figure de cette chaîne humaine au sein de laquelle chacune et chacun d'entre nous peut s'insérer.
Mais comment accueillir ce que nous ont transmis celles et ceux qui ont travaillé avant nous ?
Peut-être pouvons-nous le faire comme nous le propose Aby WARBURG (historien de l'art 1866-1929) : en écrivant : « J'entends leurs voix » en parlant des œuvres d'art.
De quelles voix nous parle-t-il ? Des voix de créateurs, des artistes, mais aussi des voix des personnages présents dans les œuvres ?

Si nous regardons les œuvres « Judith et Holopherm » peintes par Artemisia GENTILESCHI, nous pouvons entendre la voix de l'artiste , mais aussi la voix de cette héroïne à laquelle l'histoire impose d'agir.
Si nous écoutons la poésie de PÉTRARQUE dans « Le triomphe du Temps »
« Autant que je puisse, je prépare ma fin
en méditant cette mienne vie brève :
enfant à l'aube - et ce soir, un vieillard ! »
et la poésie de MICHEL-ANGE, qui semble lui répondre :
« Maintenant ma vie a traversé une mer orageuse comme une frêle barque a atteint ce vaste port où tous sont invités... Maintenant je sais combien cette fantaisie affectueuse, qui a fait de mon âme l'adorateur et l'esclave de l'art terrestre, est vaine... Combien criminel est ce que tous les hommes recherchent à contrecœur, ces pensées amoureuses si légèrement vêtues, que sont-elles quand la mort est proche ? »
Ici, c'est la voix des poètes que nous entendons, mais nous pouvons aussi avancer l'idée que c'est un peu notre voix que nous entendons.
Comment donc accueillir ce travail qui nous précède et ces voix que nous pouvons entendre ? Notre réponse de ce soir, c'est de vous inviter en promenade pour les mettre en partage.

Jean-Étienne
MAGGIANI, nous a déjà présenté trois conférences :
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