1684, La Royale bombarde Gênes,
En 1684, Gênes «la Dominante », malgré la splendeur de ses palais, a perdu un peu de sa… Superbe. Le conférencier donne par une série de photographies en couleurs une belle illustration de la splendeur de ces demeures patriciennes, établies sur les principales artères de la ville et aujourd'hui transformées soit en établissements bancaires soit en musées. Le patrimoine artistique de Gênes est alors magnifié par les œuvres de Rubens, Caravage, Van Dyck… Militairement, La victoire de l'amiral Andrea Doria à Lépante contre les turcs n'est qu'un lointain souvenir. Francesco Maria Imperiale Lercari, doge en place (un notable choisi parmi les grandes familles) fait de son mieux pour louvoyer sur l'échiquier européen : il favorise la poursuite du développement fructueux des affaires (banque et commerce international) des grandes familles de la République, tout en ménageant les alliances les plus opportunes entre les Grands de l'époque (Louis XIV, le Saint Empire, les Espagnols, les Hollandais et les Anglais). Une erreur diplomatique et voilà la Royale qui vient canonner Gênes ! La flotte partie de Toulon est commandée par Duquesne, par le fils ainé de Colbert et par De Tourville. Elle comprend 14 vaisseaux, 20 galères, 10 galiotes à bombarde, 8 flutes, 27 tartanes et 72 barques, armées par 4655 marins : un échantillon de l'armada de Louis XIV qui comptera jusqu'à 125 grosses unités ! Le bombardement qui a été minutieusement planifié par les « services de renseignement » dure 3 jours et 3 nuits, et 13000 bombes seront lancées sur la ville, avant le débarquement de 2800 soldats. Le conférencier illustre les combats en commentant une suite de gravures et de tableaux d'époque. Les troupes espagnoles d'Enriquez de Cabrera, les gênoises de Juan Maria Doria et Carlo Tasso, ainsi que les corses, opposent une belle résistance, aidée par les « Polceveraschi », des miliciens du quartier de Saint Pierre d'Arène.
Au final, ce sont les commerçants français de la ville qui auront le plus de dégâts… Les Gênois, eux, célèbrent ce qu'ils considèrent comme leur Verdun ; ils reconstruisent rapidement les remparts ; ils élisent Sainte Catherine Fieschi Adorno protectrice de la ville, tandis que le poète Jean-Baptiste Pastorini écrit son sonnet « Genova mia » qui sera publié à Palerme. La Sérénissime fera habilement fructifier encore plus son commerce (les velours, et plus tard les blue jeans !). En effet, le doge vient en grande pompe dans la Galerie des Glaces de Versailles présenter ses excuses officielles à Louis XIV. Il est habillé (en plein mois d'août) d'un superbe manteau de velours rouge qui va faire les envies et la fureur des courtisans. Au terme de 10 jours de visite officielle et d'échanges de cadeaux, tout ce beau monde se quitte très bons amis… Deux siècles et demi plus tard, la Royale reviendra gesticuler devant la ville, mais ce sera une autre conférence !
Jean FÉRAUD, géologue niçois retraité a déjà prononcé trois conférences pour l'ACORFI (en cliquant, ci-dessous, sur les dates de ces interventions, vous pouvez accéder à leur compte rendu et au diaporama sonorisé) :
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