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6 février 2018

 

 

 

Le dernier Titien, Sensualité et spiritualité à la contre-réforme

par Graziella BAIO-LECLAIR

 

 

Ce 6 février 2018, il neigeait si fortement sur Orléans que certaines rues étaient impraticables et que le tram se bloquait sur rails. Cela tombait mal !

Notre amie Graziella Baio Leclair, la Vénitienne, venait présenter une conférence à l’ACORFI. Elle n’en était pas à sa première prestation, car nous l’invitions régulièrement depuis que nous avions fait sa connaissance lors d’un voyage organisé par notre association sur le thème des Villas palladiennes, de riche mémoire. Elle nous avait guidés pendant une semaine et permis d’aimer les chefs-d’œuvre du célèbre architecte. Nous l’avions tous bien appréciée.  
  
Le mauvais temps nous laissait envisager une salle Érasme plutôt désertée. Malgré cela, une trentaine d’adhérents avaient bravé les frimas et s’étaient installés pour écouter notre conférencière. L’ambiance était même chaleureuse comme à l’habitude.

Graziella avait choisi de nous parler d’un des plus fameux peintres de la Sérénissime LE DERNIER TITIEN — Sensualité et spiritualité à la Contre-Réforme. Sa longue vie (il mourut en 1576 à plus de 80 ans) lui permit de connaître certains changements de société, tels les bouleversements apportés par la Contre-Réforme catholique confrontée aux succès remportés par le Luthéranisme dans la péninsule italienne. De nouveaux tabous obligèrent les artistes à se conformer aux règles édictées par l’église qui créa l’Inquisition. Certains se refusèrent à cette adhésion notamment les intellectuels et les artistes qui formèrent une société secrète appelée Nicodémisme : terme qui désignait ceux qui faisaient profession de leur foi protestante, mais dans le secret, à l’image de Nicodème dans les Évangiles.

Graziella nous entretint des œuvres du dernier TITIEN, de son nouveau style pictural, de sa conception hors-norme des scènes religieuses, visibles dans ses ultimes créations. Après nous avoir montré quelques éblouissantes toiles de sa première période, dont ses Vénus voluptueuses, dans des flamboiements de couleurs qui firent sa notoriété, elle nous fit entrer dans la palette plus sombre du vieux Titien. Sa technique avait changé et ses coups de pinceau largement étalés, presque impressionnistes, créèrent une nouvelle ambiance picturale.

Le tableau d’une certaine Annonciation placée dans l’église San Salvador de Venise nous parut très éloquent. En effet, Le Titien s’écarte des dogmes en vigueur pour ce genre de représentation religieuse extrêmement codée.

Ainsi L’Ange, d’une belle robustesse ne porte pas la fleur de lys symbole de la virginité de Marie, mais fait irruption devant elle comme un visiteur aux pieds nus. Il semble s’imposer à une jeune femme vêtue de rouge sombre, lie de vin, pieds nus également. Elle paraît naturelle dans son maintien, telle une maîtresse de maison à l’aise dans sa chambre. L’étoffe soyeuse couvre ses seins bien dessinés et son visage sérieux ne montre nul effarouchement. Derrière elle, on aperçoit, esquissé à grands traits, un lit défait. 
Une pareille liberté prise avec les canons imposés par la Contre-réforme dans la représentation de l’Annonciation eût valu au Titien les foudres de l’église catholique de ce temps. Mais les censeurs n’en eurent jamais connaissance. 

Je parie que les Acorfiens garderont un vif souvenir de ces belles images d’un des plus grands peintres de tous les temps si bien présentées par notre conférencière vénitienne.  

 

MHV

Vous pouvez écouter (et voir) la conférence en suivant les liens ci-dessous.

 
Petit diaporama
 
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