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7 février 2012

 

 

 

Mme de Staël à travers son roman Corinne et l’Italie

par Marie-Hélène VIVIANI

 

Germaine de STAËL naquit à Paris en 1876. Fille du banquier genevois Jacques Necker, devenu ministre de LOUIS XVI, et de Suzanne Curchod née protestante, elle reçut une éducation soignée, assistant très jeune aux réceptions du Salon intellectuel réputé de sa mère. Elle idolâtrait son père aussi riche que célèbre et propriétaire du Château de Coppet en Suisse. Elle épousa un beau suédois, le baron de STAËL ambassadeur de Suède dont elle eut 4 enfants qui portèrent son nom bien qu’ils ne fussent pas tous de lui. Dans sa recherche avide du bonheur, Germaine poursuivit plusieurs liaisons dont la plus passionnée reste celle qu’elle partagea avec Benjamin Constant, son Alter Ego. Farouchement opposée à Napoléon 1er qu’elle décriait à haute voix, elle subit les foudres de l’empereur qui l’exila à Coppet, lui interdisant de vivre à Paris. D’un tempérament fougueux, amoureuse de la liberté, elle croyait en la « perfectibilité de l’être humain ». Sceptique en matière de croyance religieuse, elle est farouchement anti-catholique et déteste Chateaubriand auteur du « Génie du Christianisme ». Elle reste l’auteur de plusieurs romans, dont Delphine, qui décrit les malheurs de la condition féminine.

Son essai « De l’influence des passions » accrut sa notoriété » ainsi que son ouvrage « De l’Allemagne » remarquable étude de mœurs comparées. Elle étudie avec discernement les différences qui font le génie propre de chaque peuple. Ne pouvant résider à Paris, ce qui ne cessa de la contrarier, elle fit de Coppet un salon international, foyer de résistance à Napoléon.

Elle voyagea, avide d’aventures et désireuse de connaître l’Europe dans sa diversité. Il lui fallait rencontrer les génies de chaque nation. Connaître Goethe représentait le but de son voyage en Allemagne. Rencontre brève, mais marquante. Anglophile, son séjour en Angleterre lui permit de réunir dans son salon les émigrés célèbres, dont Talleyrand.

Puis, toujours inquiète, poussée par sa curiosité insatiable, elle décida de visiter l’Italie en 1804. Son goût pour la littérature comparée la poussa vers la belle péninsule, car la civilisation gréco-romaine aiguisait sa curiosité intellectuelle ainsi que les mœurs particulières de ses hautes personnalités. Accompagnée de ses trois enfants et du philosophe Schlegel, leur précepteur, elle parcourut la péninsule : Milan, Bologne, Florence, Venise, Rome et Naples. Elle aima autant qu’elle détesta l’Italie, ce dont fait preuve sa Correspondance. Iconoclaste protestante, elle détesta Saint Pierre et l’art baroque, les Images catholiques, mais elle s’enchanta des vestiges de la civilisation Greco latine.

Le roman « Corinne ou l’Italie » qu’elle écrivit dès son retour à Coppet est nettement inspiré de son voyage italien. Il s’agit d’un roman touffu, érudit et sentimental qui en dit long sur ses connaissances et sa personnalité. Roman polyphonique dans lequel elle fait entendre plusieurs voix contradictoires et convergentes à la fois. Elle compare avec discernement les particularités des hommes nés dans trois nations européennes et dont les caractères différents : Anglais, Allemands et Français font des comparaisons intéressantes.

Par exemple le Comte d’Erfeuil est un Français mondain, superficiel, quoique cultivé. L’Anglais provoque son admiration : elle fait l’éloge de son caractère, de son esprit rationnel, son sens religieux marqué par le protestantisme et la règle de l’examen personnel non soumis au diktat divin. Alors que le Catholicisme l’irrite même si elle se laisse séduire par quelques Monsignori pleins d’érudition.

Corinne personnifie la femme supérieure, aimée et admirée dont les hommes s’écartent, car ils sont effrayés par cette abondance de dons personnels et préfèrent épouser des femmes plus modestes. Nous la verrons exaltée par son propre génie, réunir autour d’elle une foule d’admirateurs au Cap Misène près de Naples. Les vestiges antiques, les auteurs latins, dont Virgile et Cicéron, l’exaltent.
Corinne rencontre l’anglais Oswald lors d’une cérémonie au Capitole organisée en son l’honneur : femme sublime reçue pastourelle à l’Académie de l’Arcade. Corinne et Oswald vivront une passion partagée non couronnée par le mariage, Oswald préférant prosaïquement épouser Louise, innocente créature qu’il peut modeler. Mortellement blessée, Corinne cette femme de génie se laisse mourir.

« Le mariage est le deuil éclatant du bonheur » reste l’une des maximes qui ont fait la célébrité de ce personnage extraordinaire. Féministe avant la lettre, elle a su trouver une place d’intellectuelle reconnue depuis longtemps. Il est toujours plaisant de la lire encore aujourd’hui grâce à la finesse de certains portraits, son goût éclairé pour établir des parallèles entre les nations européennes et voyager avec elle dans notre pays d’élection : L’ITALIE.

 
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