Année 2008-2009 : 6 janvier 2009

La Befana

par Colette Blondeau

Qu’est-ce que la Befana exactement ? Quelles sont ses origines ? Où et comment la fête-t-on ? C’est ce que nous rappelle Colette Blondeau dans une intervention demandée et appréciée.

Genevieve et la BefanaPour commencer elle récite en italien, puis traduit en français une «filastrocca» (poésie enfantine) choisie parmi celles, nombreuses, qui présentent la Befana. La salle est dans l’ambiance, et attend des explications sur cet étrange personnage.

D’abord le mot — Befana — d’où provient-il ? On pense qu’il vient de la fête religieuse appelée «Epiphanie», selon un mot grec.

Quelle image a-t-on de la Befana ? Eh bien elle ressemble à une vieille sorcière, tout habillée de noir, souvent en haillons, coiffée d’un grand chapeau, armée d’un bâton et portant un grand sac chargé de jouets, de cadeaux, mais aussi de morceaux de charbon. A l’appui de ces explications, un petit mannequin à l’effigie de la Befana est présenté à la salle au milieu des rires.

C’est durant la nuit du 5 au 6 janvier que l’on attend le passage de la Befana. Les petits italiens laissent pendre aux cheminées des salons de grandes chaussettes en tricot de laine où la Befana déposera, s’ils sont bien endormis, les cadeaux pour les enfants sages, et pour ceux qui ne l’ont pas été, le charbon. Les cadeaux comprennent traditionnellement une orange ou une mandarine, des noix, des châtaignes, et autres friandises.

Quelle est la vraie histoire de la Befana ? On dit que cette pauvre Befana était occupée à balayer devant sa maison, quand vinrent à passer les Rois Mages, en route vers la crèche, et qui lui proposent de l’accompagner. Elle refuse par manque de temps, mais quand le lendemain elle regrette son refus il est trop tard. Dans la neige tombée durant la nuit, elle ne retrouve plus les traces des Rois Mages. Depuis chaque année dans la nuit du 5 au 6 janvier, elle expie sa dette en apportant aux enfants les cadeaux contenus dans son sac.

Colette BlondeauOn trouve aussi des origines romaines à la fête de la Befana, que l’on rattache aux «sigillarie», fêtes données en début d’année en l’honneur du dieu Giano et de la déesse Strenia. Durant ces fêtes on offrait aux enfants des cadeaux sous forme de statuettes d’argile ou de bronze. L’Eglise remplaça ces manifestations païennes par l’Epiphanie fêtée la 12ème nuit après Noël.

Au Moyen-Age et dans les siècles qui suivirent des mythes divers entraînent les mêmes nuits des manifestations populaires plus au moins liées à la Befana telle qu’elle est connue de nos jours. D’abord des fêtes campagnardes en l’honneur de Diane déesse de la fertilité, puis c’est à Rome qu’on brûle la représentation d’une sorcière, figure de l’année écoulée, enfin au 16° siècle on voit apparaître le personnage ambigu de la Befana, qui fait peur aux enfants, mais sait pourtant leur laisser des cadeaux, ou du charbon.

Pourquoi du charbon ? Là encore l’origine remonte sans doute à l’antiquité, et à la coutume de faire brûler un chêne durant 12 jours et nuits. Le charbon ainsi obtenu serait de bon augure pour l’année à venir. Et avec le charbon laissé aux enfants on trouve parfois de petits morceaux de bois.

Chaque région de l’Italie fête la Befana à sa manière : dans certaines provinces du Veneto un chœur de jeunes garçons va de maison en maison pour chanter des cantiques, en Toscane ce sont de petites représentations théâtrales, au Frioul on fait rouler des disques enflammés, ailleurs dans le Veneto on fait brûler de grandes effigies de la Befana, et ainsi de suite en Calabre, dans les Abruzzes, les Pouilles, etc...

Giulia Guerci, l’amie italienne de Colette, qui vit à Alessandria (Piémont), lui a fourni maintes informations par téléphone et en même temps transmis son salut aux acorfiens (elle a déjà fait deux conférences à l’Acorfi); elle signale par contre qu’au Piémont on fête davantage les rois Mages que la Befana.

Durant l’exposé, des chaussettes, sélectionnées d’après le type officiellement agréé par la Befana elle-même (sic), et remplies cette fois de friandises, circulent dans l’assistance, qui fait volontiers honneur à ce traitement, réservé d’habitude aux enfants sages.

L’assistance manifeste enfin sa satisfaction auprès de Colette Blondeau, qui lui a si brillamment dévoilé tous les mystères entourant la Befana, en la remerciant par de vifs applaudissements.

Ensuite, la rencontre conviviale sur un verre d’Asti et des parts de panettone, qui clôt traditionnellement nos réunions de la Befana, jouit de son succès habituel. Quelques photos souvenir de cet événement.

©ACORFI