| Retour à la page de présentation des conférences de la saison 2013-2014   18 février 2014   Scipione Caffarelli-Borghese (1577-1633)La galerie Borghese et ses collections
 Achat des antiques par Napoléon Ier
 par Jean-Louis GAUTREAU      Dans sa présentation, notre maître toilier rappelle les  conférences que Jean-Louis Gautreau a déjà réalisées pour l’Acorti, mais aussi  les sites remarquables qu’ils a créés, l’un présentant les portraits de souverains de France, l’autre (un blog) les œuvres d’art des musées de province.
 Après quelques mots en italien très appréciés, il revient au  français qui lui servira pour une conférence démontrant une réelle virtuosité.  Qu’on imagine : l’histoire se déroule sur trois époques : d’abord  le XVIe siècle, formation par le Cardinal Scipione Borghese, neveu du Pape Paul  V, de la collection qui porte son nom, puis le début de19° siècle, avec le  rachat d’une grande partie de la collection par Napoléon en 1807, et enfin le  20° siècle, rachat de la Villa Borghese en entier par l’état italien, qui y  fera encore des apports.  Pour les lieux, l’histoire en concerne surtout deux : la Galerie  Borghese à Rome, et le Musée du Louvre, sans compter d’autres grands musées  cités pour la précision. Le conférencier nous présente la collection Borghese  présente dans chacun des deux musées, il nous montre les œuvres principales, en  éclaire maints détails, et en relate l’histoire complète.  On risquerait de se perdre à travers les générations dans le rôle  joué par les membres de la famille Borghese, pour la plupart des  collectionneurs avisés, si le conférencier ne s’évertuait à préciser leur  filiation aussi bien que leurs apports.  Des épisodes font l’objet d’une relation complète. Ainsi les manœuvres  inouïes du Cardinal pour créer la collection, qui amusent et surprennent, ou  les énormes dispositions prises par Napoléon pour procurer à la France des  œuvres qui feront la gloire de ses musées.  Au fil de sa relation, notre conférencier n’abandonne pas son sens  de l’anecdocte et de l’humour, par exemple quand il évoque l’appétit de  bénéfices que montre la famille des nouveaux papes, ou l’énumération des titres  du Cardinal Scipione Borghese, et encore l’existence bien remplie de Pauline  Bonaparte et ses amants que l’Empereur envoie régulièrement à la guerre. Le rire n’exclut pas l’exactitude et la précision :  remarquablement documenté, le conférencier nous fait voir sous tous ses aspects  le Palazzo Borghese, le plus grand palais de Rome, que les romains appelaient  le “cembalo”(le clavecin), en raison de sa forme. Plus loin, pour mieux nous  faire comprendre la différence entre le “Casino”, qui deviendra la Galerie  Borghese, et le parc de “la Villa Borghese”, il nous montre un plan détaillé du  parc, citant la plupart des bâtiments qu’il abrite. Autre preuve de son sens du  détail, il rappelle (et ce n’est qu’un exemple) où fut trouvée la statue du  “Gladiateur Borghese” (Anzio), d’où elle provenait à l’origine (Ephèse), la  date de sa création, etc...   
  
      Même précision, dans les chiffres cette fois, pour arriver au prix  payé par Napoléon pour l’achat à Camillo Borghese, mari de Pauline, des  antiques de sa collection, et dans la relation du voyage incroyable que fit la  précieuse acquisition de Rome à Paris. La liste détaillée qui nous est lue du  contenu de l’une des 400 caisses donne la mesure de l’évènement. Mais même si ces personnages présentent un grand intérêt pour  Jean-Louis Gautreau, ce sont les œuvres d’art elles-mêmes qui retiennent sa  plus grande attention. Toutes les œuvres importantes de la Gallerie Borghese  nous sont montrées et décrites, en commençant par le “casino” lui-même et les  statues qui l’ornent ou l’ont orné avant leur expédition à Paris. Le parcours  qu’il fait de toutes salles est plein de remarques judicieuses sur les fresques  en trompe-l’œil, les parties restaurées des statues, la promiscuité réussie des  statues antiques et celles du Bernin, ou même pour les tableaux les visages  reconnus des modèles, souvent des prostituées, ou des gens du peuple pour les  Caravage. Certaines œuvres, faisant l’objet d’une sorte d’arrêt sur image,  nous sont décrites plus longuement, et cela devient un plaisir de choix pour  l’assistance comme pour le conférencier qui les présentent. Ainsi en est-il des  statues, le David du Bernin, qui est comparé à celui de Michel-Ange, Apollon et  Daphné, le rapt de Proserpine, ou des tableaux, “Amour sacré amour profane” du  Titien, la “Madonne des palefreniers” du Caravage, et tous les autres Caravage  du Musée. Rien ne lui échappe, les costumes, la composition audacieuse d’un  Véronèse, et tout nous est révélé, comme les étapes des restaurations de la  “Dame à la licorne” de Raphaël. Avouons qu’un vertige nous prend quand, dans le même style alerte,  mais rigoureux dans le détail, nous sont montrées les statues de la collection  Borghese présentes désormais au Musée du Louvre, mais réparties dans les  diverses salles adéquates du musée. Mais le conférencier est à l’aise et  connaît bien le Louvre d’un bout à l’autre. Sa description de l’Hermaphrodite, enrichie de la drôlerie d’une  anecdote, montre toute sa maîtrise, qui pour l’ensemble a été bien aidée par la  qualité des images, en particulier celles des sculptures. Comme il l’a bien  fait noter, les images ont été montées en collaboration avec Claude Viviani. Il retourne à la fin aux personnages principaux de l’histoire, de  Scipione Borghese au couple Camillo et Pauline Borghese, et à Napoléon. La conférence se termine sur de longs applaudissements des  acorfiens, enchantés de cette soirée exceptionnelle qui leur a semblé passer  trop vite.   ©ACORFI |