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13 novembre 2012

 

Quelle heure est-il ! ! !

par Henri MASSIEU

 

 

Comme on le sait, les conférences d'Henri Massieu pour l'Acorfi ne sont pas des conférences ordinaires. En fait ce sont des films qu'il tourne et monte lui-même, au prix de nombreuses heures de travail. Le résultat : des créations très originales, et des projections d'une très grande qualité, aussi bien dans leur conception que par leurs prouesses techniques. Les films sont toujours accompagnés de ses propres commentaires, enregistrés en voix "off", laissant ainsi la meilleure place aux images.


Ainsi qu'on le rappelle en début de réunion, à part Florence le sujet de prédilection d'Henri Massieu fut longtemps la Sardaigne, d'abord touristique, ses coutumes et sa beauté, puis son histoire, étalée sur plusieurs réunions annuelles. Depuis trois ans il nous présente des créations originales qu'il appelle des "films fiction". Par principe, il entretient toujours le mystère sur le sujet des films à présenter, et cette fois encore nous avons dû nous contenter du titre : "Quelle heure est-il ?"


Le premier effet de surprise s'obtint par l'utilisation nouvelle d'un matériel cinématographique très avancé, qui nous fit voir des images d'une grande finesse sur un écran panoramique de bel effet.


Quant au sujet, rares sont ceux d'entre nous qui avaient imaginé par avance une recherche philosophique sur le rôle du temps dans notre humanité, ce qui fût le cas. Sujet vaste et profond, qu'Henri Massieu a traité à sa façon et à son rythme, par des commentaires à peine appuyés, qui ressemblaient à des propositions sans engagement.


Dans ce contexte, les images jouaient pleinement leur rôle. Très variées et pourtant en harmonie, elles portaient chacun d'entre nous, face à la suite des idées, à mener en parallèle son propre chemin de réflexion, qu'isolés on se serait sentis bien incapables de suivre, sur un sujet aussi vaste et impalpable.


Sans doute étions-nous aidés par de fréquents jeux de vues animées nous présentant les mouvements perpétuels des planètes célestes, ou le cheminement de l'homme dans son évolution physique.


D'effets musicaux on ne peut pas parler, car la musique toujours choisie avec goût, restait tempérée jusqu'à presque s'effacer, servant l'image au mieux et à tout instant. Tout au plus peut-on parler d'un caractère volontiers récitatif de la musique ou de la voix, destinées toutes deux à nous imprégner du sens du temps qui passe. Mais c'est l'image elle-même qui le mieux évoquait le temps, par des idées originales comme celle des battements du cœur.


Les références à l'Italie, souvent présentes, étaient rarement montrées comme telles, de manière à préserver le sujet principal. Plusieurs fois dans le film, on nous fait voir un train passé d'âge, qui s'éloigne sur une voie indéterminée, ignorant une gare abandonnée. S'agit-il d'un train sarde ? On n'a pas le temps d'y penser, le train nous semble éternel et nous entraîne inlassablement vers une autre image d'infini et son champ de réflexions.


En revanche les roches de Capo d'Orso, superbement photographiées, plusieurs fois présentes, appuient au mieux la recherche sur le temps, sans rien perdre de leur beauté et de leur originalité.


La belle plage isolée qui apparaît parfois, et le mouvement permanent de ses vagues, nouvelle image du temps, appartient-elle à la Sardaigne ? Peu importe, cette question ne vient que plus tard, tant sur le coup l'image est intemporelle, et la marche du temps qu'elle évoque nous semble inexorable.


Plus évidentes que celles d'Italie, les vues de notre région tranchent un peu avec le déroulement implacable de la réflexion sur le temps. D'abord par de belles images des rives du Loiret, puis avec les jardins et l'intérieur d'un moulin bien caractéristique. Mais le mouvement incessant des roues dentées du moulin et ses jeux d'engrenages, nous rappellent le temps qui comme l'eau s'écoule inexorablement.
En passant, un nouveau rappel de l'Italie : c'est une évocation d'un concert proposé par l'Association amie Dante Alighieri, qui nous permet de reconnaître quelques visages.


Arrivés à la fin du film, très applaudi, on se trouve envahis, et enrichis en même temps, d'un champ de réflexions qui peut-être ne nous est pas familier, et la salle n'a pas manqué de remercier Henri Massieu pour cela. Enfin soulignons la performance derrière ce résultat, qu'est aussi une modération volontaire dans l'usage - pourtant bien tentant - des effets spéciaux offerts par la technique; peut-être n'était-ce pas la partie la plus facile.

©ACORFI