Année 2009-2019 : 24 novembre 2009

Sigismond Malatesta

par Claude VIVIANI

  

Sigismond Pandolfo Malatesta est d’abord un héritier, celui de la famille Malatesta qui régna du milieu du XIIIe au milieu XVe siècle sur Rimini, puis sur une partie des Marches d’Ancône et sur la Romagne.

À l’origine ce sont des propriétaires fonciers établis près du Rubicon. Giovanni, vers 1150 devient citoyen de Rimini. Puis Malatesta Pennabilli devint podestat en 1239.

Son fils Malatesta de Verrucchio, mort centenaire (1212-1312), est le véritable fondateur de la “dynastie”. Ce guerrier, et ses 4 fils, farouches combattants, sont célèbres par leurs luttes contre les gibelins (favorables à l’empereur et contre le pape). Pour Dante ce sont des dogues. Les Malatesta sont avant tout des soldats, plus précisément des condottières.

Dante, dans l’Enfer, retrace, d’une façon superbe, l'état historique des temps qu'il traverse (il avait trente ans le jour où le vieux Verrucchio est acclamé seigneur de Rimini). Il évoque ses deux premiers fils Gianciotto lo zoppo (le boiteux) et Paolo il bello, ce dernier amoureux de Francesca da Rimini, la femme de Gianciotto. Adultères, ils furent surpris par le mari qui les assassina. Dante mentionne aussi Malatesta dell’ Occhio, le troisième, le plus féroce.

Nommés vicaires du pape en 1355, les Malatesta règnent sur Rimini, mais aussi sur Cesena et Pesaro.

Sigismond prend le pouvoir à Rimini, il a 15 ans !

Aujourd’hui, Rimini, la cité natale du maestro Federico Fellini, compte 140 000 habitants. Elle est une station balnéaire réputée. Ariminum fut créée par les romains en 268 av. JC. Elle conserve des traces remarquables de l’antiquité (Arc d’Auguste, Pont de Tibère,…), c’est sur son forum que Jules César, harangua les légions après avoir franchi le Rubicon.

Sigismond, homme aux désirs insatiables et violents, se maria trois fois, d’abord à une Este, puis à une Sforza, enfin à l’amour de sa vie Isotta degli Atti (Iseut en français).

Dans le cadre politique troublé de l’Italie du milieu du XVe siècle, Sigismond fut l’un des principaux condottières. Durant 30 ans, Sigismond met ses talents militaires sans trop de scrupules au service d'un camp, puis d'un autre… Il a successivement combattu contre le pape, servi le pape, adopté les intérêts de princes qu’il combattait le lendemain. Excommunié par le pape Pie II, après des combats menés contre les Turcs, il meurt en 1468 sans avoir accru son territoire.

Il fut un mécène accompli. Sa cour brilla de mille éclats. Alberti édifie pour lui le Temple Malatesta, aujourd’hui cathédrale de Rimini, première église « renaissance » de l’histoire. Matteo da Pasti, en fut le maître d’œuvre et Agostino di Duccio réalisa la décoration intérieure. Piero della Francesca y peignit une fresque “Sigismond Malatesta devant saint Sigismond”. Un remarquable crucifix de Giotto complète le monument.

Le castel Malatesta à Rimini, projette aujourd’hui sur la ville une ombre moins menaçante qu’à l’époque.

Montherlant écrivit durant la dernière guerre Malatesta, une pièce en quatre actes, créée au Théâtre Marigny le 19 décembre 1950, par la Compagnie Renaud-Barrault. Elle passa à la télévision française en avril 1967.

En guise de conclusion, reprenons ce qu’écrivait Montherlant, à propos de sa pièce : je n’ai rien inventé. “Sa nervosité, sa mobilité, ses contrastes - chef de guerre, poète, érudit, mécène, assassin, fol coureur, (alors que sa femme Isotta est la passion constante de sa vie), assez frivole pour faire bâtir une église où il n’y a que des symboles païens, assez grave pour vivre avec un crâne sur sa table, assez sacrilège pour être condamné au feu par le Saint-Office, assez religieux pour mourir en chrétien - tout cela est dans la chronique et l’histoire : je n’ai rien inventé. (…) Tous les forfaits dont on le voit accusé dans ma pièce, de l’effroyable au cocasse, sont eux aussi historiques. (…) Je ne veux pas dire que ces accusations étaient fondées. Son ennemi acharné Pie II pouvait accuser Malatesta de n’importe quoi, avec autorité (…) Malatesta passe pour quatre fois assassin, et peut-être n’assassina-t-il jamais. Constatation terrible.

©ACORFI